vendredi 26 mars 2010

- Chapitre IV (Extrait) -

(...) " Il y a de l’agonie psychique dans cette vie, en tous les cas de la souffrance, quand plus rien ne nous touche ou quand tout nous affecte trop et démesurément, quand l’humanité tout autour de nous fait défaut, quand en nous-mêmes l’humanité s’endort, se paralyse ou se restreint, ce n’est plus une vie d’humain et c’est un destin de fantôme, d’âme errante et souffrante qui s’offre à nous. C’est à la vie évidemment, non à la mort, qu’il nous faut consacrer toutes nos forces vives. Mais moins le monde sera humain, moins l’environnement et la société tout autour de nous feront preuve d’humanité, plus il nous sera difficile de conserver, de préserver et de sauvegarder l’étincelle vivante, si ce n’est divine, de notre propre humanité. De là nous devons résister à l’endormissement du monde et à notre propre torpeur, ou à notre propre inertie. L’énergie de la vie nous veut heureux, en pleine forme, au mieux de nos capacités, au plus près de nous-mêmes, au plus près de la Vie.

L’Occident n’est plus très soucieux aujourd’hui de la valeur sacrée de l’existence, pas plus que de la valeur sacrée de la mort. La dignité de tout individu n’est plus considérée comme inaliénable, absolue. C’est une perte d’humanité, une déshumanisation du monde dont nous avons tous à pâtir. Moins le monde est humain, moins nous nous permettrons, à tort, de l’être nous-mêmes, et plus nous nous laisserons aller à la démoralisation. Je n’ai pas plus de sympathie pour la bestialité que pour le vernis culturel et civilisé qui s’efforce de recouvrir avec habilité l’absence d’humanité, de solidarité et d’empathie. Plus les gens sont haineux et plus ils sont nerveux, mieux ils créent les conditions de la haine. Plus l’agressivité, qu’elle soit raisonnée ou bien irrationnelle, comme une traînée de poudre se répand ça et là en cherchant des boucs émissaires, des victimes sacrificielles ou des plus faibles et plus fragiles qu’eux pour pouvoir s’exalter ou tout simplement se sentir exister, et plus nous aurons à combattre contre les ferments inhumains, qu’ils soient primaires et profondément pulsionnels ou qu’ils se disent et se pensent « civilisés ». Y compris en nous-mêmes et face à nos propres démons.

Ce qui est malsain ici, est que « le bonheur des pervertis » doit passer inévitablement par la suprématie et la dominance des uns, la suppression des autres, au nom souvent de la compétitivité, de la puissance ou de la pure domination, dans un contexte acidulé de Droits de l’Homme qui ne sert plus peut-être que de parure, d’absurde légitimité, à la soif de pouvoir et à l’illusion narcissique qui fait que l’on existe plus et mieux, au détriment des autres.

Or nous sommes en contradiction avec les Droits de l’Homme en tant qu’ils sont un idéal et un objectif à réaliser. Nous en sommes si éloignés que nous ne savons parfois même pas dans la façon dont nous pensons et agissons, que les êtres humains sont égaux par nature, libres et égaux en dignité, en droits, et qu’ils doivent s’efforcer d’agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité .

Voilà la seule Loi qui devrait être nôtre : ce minimum d’intelligence, de solidarité, d’esprit de collaboration, de convivialité humaine à espérer. Une utopie du préférable pour nous tous ? La fraternité n’est certainement pas une loi ou un dogme que l’on peut imposer, à laquelle on peut nous contraindre. Tout ce qui relève du sentiment ne se commande pas, n’est point question de volonté. C’est une éducation du goût, du jugement, de la pensée, du sentiment. Seule la Loi morale, commune et intérieure à tous, pourrait nous la dicter et nous y inciter, le plus naturellement du monde si nous la ressentions comme valable, inéluctable, nécessaire et obligatoire, et si toutes les conditions étaient réunies, pour éduquer les êtres dans le sens de leur propre perfectionnement moral, et plus encore, spirituel.

Lorsque la contrainte vient de moi-même, quand je la juge nécessaire et peut-être même estimable, est-elle encore une contrainte et une obligation ? Elle n’est rien qu’un devoir auquel je m’oblige par consentement pour maintenir une harmonie entre les autres et moi, elle donne sens à mon humanité et à ma dignité, elle me fait me sentir unie à tous les autres dans un destin commun. Elle me fait aimer cette obligation que j’ai de respecter mes frères humains et mes semblables.

Voir en chacun un frère et un ami, ou ne serait-ce qu’un être à respecter quand bien même il n’est pas aimable à nos yeux, voir en lui un individu, un être et de là un égal, plutôt qu’un adversaire, un rival et un ennemi, quelqu’un comme en compétition avec nous-mêmes sur le terrain de l’existence, ou pire encore, un rien, un pur néant, un moins que rien, un inférieur, cette sorte de relation ne saurait se permettre que dans un environnement qui crée les conditions de justice et d’égalité, de compréhension et d’entente, d’évolution des mœurs, de bonne intelligence, de sagesse et d’intelligence du cœur.

Nous n’avons plus besoin de massacres sanglants et de mises à mort théâtrales pour pouvoir exalter toutes nos pulsions morbides, et dans le même temps, nous ne sommes pas encore prêts pour des temps plus civilisés où le message du Christ pourra être considéré avec tout l’éclat qu’il mérite. Tout comme ce pauvre moine qui en 404 est entré dans un amphithéâtre pour s’y faire massacrer, lapidé par les spectateurs, achevé par les gladiateurs, au nom de la bonté humaine, de l’amour fraternel qu’il voulait proclamer, partager avec tous. Tout comme chaque fois que je passe à Paris par la Place de l’Hôtel de Ville, je songe qu’autrefois elle se nommait Place de Grève, et qu’il n’y a pas si longtemps, c’était le lieu privilégié des exécutions capitales et autres tortures que les uns et les autres vivaient comme un spectacle. Nous évoluons lentement, mais nous évoluons.

Plus nous nous éloignons de la Déclaration des Droits de l’Homme dans son application, plus nous sommes complices d’une hiérarchie des valeurs qui ne pense plus en égaux mais bel et bien en inférieur et supérieur, en dominant et dominé, et pour qui effectivement, la raison du plus fort, du plus riche et du plus puissant, ou du plus rusé, du plus hypocrite, du plus méchant et du plus corrompu ou du plus perverti, est toujours inlassablement la meilleure ou la plus utile.

Aujourd’hui dans nos sociétés, on ne compte plus les prétextes qui sont donnés pour rejeter et rendre hostiles l’autre, le différent, l’étranger, si ce n’est le pauvre. Même le rmiste, l’handicapé, le chômeur, le gros et le laid, deviennent susceptibles d’être rejetés au profit de la norme qui préfère uniformiser au nom de la beauté et de la réussite ; ce qui est en contradiction avec la cruauté de la réalité, en particulier celle de la crise. Ce n’est pas un regard humain qui est porté sur l’autre si ce regard l’annihile, le rejette, l’exclut, et en un sens lui refuse le droit à l’existence, si ce n’est au bonheur.

Quelles que soient toutes nos différences, nous appartenons à la même race, à la même espèce, et toutes les distinctions, les murs que nous mettons les uns envers les autres et qui existent bel et bien, sont autant d’opportunités manquées d’embrasser la multiplicité de la diversité humaine, d’en saisir toute l’unité. Lorsque chacun pourra intérieurement et spontanément se penser comme au-delà de son rang social, de sa religion, de sa race, de sa communauté, de son sexe, au-delà de toutes ses propres particularités, et se penser égal à tous, semblable, le monde sera prêt pour l’émergence de nouvelles sociétés basées réellement sur l’effectivité de la Déclaration des Droits de l’Homme.

Notre Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, est dans son préambule, effectivement éloquente quand elle affirme qu’elle considère que ce sont « l’ignorance, l’oubli et le mépris des droits de l’homme », qui sont « les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ». La propre corruption et la dégradation individuelle de l’être, dérivent aussi certainement de cette méconnaissance, de cet oubli ou de cette amnésie. Si je ne pense pas et si je n’agis pas en porteur de la pensée des Droits de l’Homme, que peut bien valoir mon humanité du point de vue d’un idéal humain à espérer et à rendre possible ? Si je n’intègre pas naturellement l’essence de la pensée des Droits de l’Homme, suis-je digne de l’humanité qui coule dans mes veines ? Suis-je digne du rang « d’humain » ?

(...)

Où es-tu Platon ? As-tu disparu définitivement ? Es-tu mort, enterré ? Toi qui voyait le Beau, le Bien, le Vrai, le Juste et nous dessinait le chemin pour aller jusqu’à eux. De nos jours chacun peut les voir en y mettant des minuscules ou bien des majuscules, et en imaginant pour le meilleur et pour le pire qu’ils sont universels ; or, l’Universel par essence est ce qui est commun à tous, qui vaut pour tous, et qui est valable en tous temps, en tous lieux, par-delà toute société particulière. Nous sommes devenus, petits et minuscules, si ce n’est ridicules au regard de l’Universel.

Collectivement avons-nous encore de grandes dispositions et de belles capacités à juger du Bien et du Mal, du Beau, du Laid, du Vrai, du Faux, du Juste et de l’Injuste ? C’est un piège à double-tranchant. Trop de relativisme en la matière est aussi périlleux, dangereux, que des normes trop absolues qui ne tiennent pas compte de la réalité humaine. Et pourtant sans valeurs, l’être se dévalue lui-même ou est dévalué, la société se putréfie et renonce à ses ambitions les plus saines, à ses idéaux les plus admirables.

C’est un piège que cette époque qui diffuse à tout va toutes sortes d’informations, sans nous laisser le temps propice à la pensée, pour les recevoir, les comprendre et les analyser en les passant au crible d’un véritable esprit critique, d’une capacité réelle à bien juger et d’une authentique compréhension. Pour moi le Beau, le Bien, le Vrai, le Juste, n’existent plus ici qu’au cœur de la pensée des Droits de l’Homme et dans le cœur de ceux qui poursuivent sa voie, poursuivent son chemin, dans toutes les actions concrètes qui permettent son existence. Or, quand bien même ils ne seraient rien qu’utopie, ils tracent la voie, le chemin, d’une Humanité équitable, plus humaine et plus juste, raisonnable, et en tous les cas plus spirituelle. On a aujourd’hui l’impression dans ce marasme environnant que c’est par référence au pire que des valeurs et des repères s’affichent comme par défaut, comme signaux de signification, et à ce compte-là l’Absurde a le loisir de progresser aussi sûrement que possible.

Déchirer le voile de la Mâyâ, ce serait réussir à appréhender l’existence sans se laisser piéger et abuser par les apparences trompeuses de la réalité. Tout comme chez Platon nous ne savons pas dépasser les strates de la perception sensible pour élever notre âme ou notre esprit jusqu’au royaume des Idées qui sont d’un ordre supérieur à la vie immédiate. Idées qui selon lui seraient exclusivement perceptibles par la pensée. Pensée qui demande une élévation, une conversion du regard ou son dépouillement, une évolution du jugement, une communion avec l’Absolu ou au moins une communication. Or c’est l’essence cachée du monde, sa nature authentique et originelle que dissimule le voile de Mâyâ. Tout comme chez Platon, les Idées sont apparentées au royaume des Essences – c’est-à-dire sont apparentées à ce qui est à l’origine et par nature – et sont leur être véritable par-delà toute vraisemblance.

Que voyons-nous, que savons-nous de ce qui est réellement, de ce qui est profondément et au-delà des apparences, au-delà de nos préjugés et de nos grilles de pensée ou par-delà tout faux- semblants ? Que savons-nous de l’au-delà de nos petites perceptions et autres imaginations ? Que pensons-nous, par-delà toutes nos interprétations, nos ressentis comme amputés, nos jugements difformes et déformés, de la richesse et de la profondeur de la réalité ?

Que savons-nous de la réalité ultime, de tout ce qui est innommable et ne peut être représenté sinon par les vues de l’esprit ? Que connaissons-nous de la vie sinon le point d’ancrage que nous avons saisi et auquel nous nous accrochons comme à une bouée de sauvetage qui nous permet de ne pas totalement sombrer lorsque les eaux sont déchaînées ? La peur, l’ignorance, la lâcheté, la vanité et la sécurité sont comme des œillères qui nous ferment à l’immensité et nous font tâtonner en aveugles qui croient qu’ils voient. C’est être amputé dans son âme et être entravé dans son être que de ne plus savoir entendre notre propre voix intérieure qui en toutes circonstances nous dicte le meilleur pour nous et la meilleure des voies possibles.

La conscience comme instinct divin, disait Rousseau. Cette conscience-là, nous est-elle encore accessible avec tout ce bruit qui nous environne ou lorsque le bruit est en nous ? Restaurer le silence, le silence intérieur. Le démon de Socrate, cette voix d’essence divine dont il disait qu’elle le guidait, pourquoi ne l’entendons-nous pas ?

Avons-nous encore une âme aujourd’hui ? L’Âme du Monde a-t-elle péri avec Hiroshima, Nagasaki, et les camps de concentration ? Ne sommes-nous rien que les fantômes et les descendants dévastés de la Seconde Guerre Mondiale ? L’Esprit humain a-t-il sombré dans la folie pour ne plus jamais croire que l’Humain, en réalité, se devrait de poursuivre les plus hautes destinations, les plus hautes aspirations ? C’est un être humain désolé, si ce n’est accablé, et plus souvent déconstruit, aliéné, qui malgré son visage humain erre dans l’existence sans avoir de buts qui le portent, qui soient susceptibles de l’élever. Si la société ne manifeste pas sa volonté de spiritualiser les êtres et d’harmoniser leurs comportements pour le bonheur de tous, c’est l’essence même de la société qui doit être redéfinie.

La plus haute aspiration de l’homme, telle qu’elle a été définie dans le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui réclame « l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère », n’est-elle qu’une utopie ? Qu’un songe d’idéalistes ? Tous ces êtres humains qui de par le monde se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre dans des démocraties, même imparfaites, nous ne devrions plus honorer leur conscience ni comprendre le sacrifice qu’ils ont consentis pour que puissent perdurer des valeurs humaines, humanistes et sacrées ?

C’est une perte de mémoire, une grande amnésie, un lourd sommeil abrutissant qui, partout, de nos jours se répand ça et là pour nous faire oublier que les droits des êtres humains devraient être fondamentaux, inaliénables, et que la Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948 a été proclamée « comme l’idéal commun à atteindre par toutes les peuples et toutes les nations » . Du point de vue de notre propre humanité, je n’envisage pas d’autres chemins que ceux de se rendre dignes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui a tracé la voie à une véritable modernité et qui est à ce jour, selon moi, la plus contemporaine des traductions du message christique.

Avons-nous de l’âme aujourd’hui ? Pour le matérialisme , l’âme n’est qu’une substance imaginaire, un mythe des temps anciens, une illusion métaphysique , ou tout au plus, dans son sens immanent , une donnée de la conscience, en psychologie en particulier. Très souvent, l’âme d’aujourd’hui n’est plus que cela, ou conscience, ou esprit. C’est un principe spirituel mais qui peut être détaché de toute spiritualité, de toute notion transcendante . Les dieux se sont démodés, les dieux sont absents du monde, quand bien même nous sommes, nous croyants, une famille universelle.

Cette « propension de l’esprit humain à se répandre sur les choses », dont Hume critiquait les travers, relève évidemment d’une construction tout à fait subjective, tous les objets de la métaphysique, que ce soit l’âme ou Dieu, dépassant toute connaissance humaine si l’on demeure sceptique et agnostique . Or ce n’est pas exclusivement le champ des théories scientifiques qui nous permettront d’embrasser ce que seule notre propre présence sur Terre, vivante et unifiée, dépouillée, détachée, pourra effectivement nous donner de l’au-delà des phénomènes, mais bel et bien aussi, la connaissance directe et intuitive, si ce n’est mystique, et de ce fait suspecte et suspectée de n’être qu’imaginations.

Effectivement, d’un point de vue purement scientifique, l’âme en tant qu’immatérielle et transcendante, n’a de nos jours aucune raison d’être, sinon comme illusion, croyance. Mais jusqu’à quel point la science nous sert-elle ou nous dessert-elle quand elle nous impose de vivre exclusivement selon ses vues et selon ses limites même sans cesse repoussées ? Est-elle toujours et invariablement au service de l’Humanité ? Est-elle toujours au service d’une vie meilleure, d’une humanité plus humaine ? Non pas qu’il faille évidemment rejeter la science, bien au contraire, mais que la science elle-même doive avoir pour ambition et pour projet le bonheur, le bien-être de toute l’humanité, et pas exclusivement le progrès des technologies.

C’est aussi la science qui a permis à grande échelle qu’on puisse raser Hiroshima, Nagasaki et quand bien même c’est par cet acte si innommable qu’a pu se terminer la Seconde Guerre Mondiale ; de même que les dignitaires nazis étaient le plus souvent extrêmement cultivés, quand ils n’étaient pas médecins, psychiatres ou docteurs en philosophie. La science, la culture et la barbarie peuvent cohabiter ; ce n’est plus impensable, même si cela paraît incompréhensible aux esprits qui ne sont pas encore atteints de vices et de difformités. La culture, l’instruction, le savoir et la connaissance peuvent aussi donner naissance à toutes sortes de perversions. La Culture et c’est malheureux, peut même servir à les légitimer, à les rendre acceptables.

Devant la créativité de l’esprit humain depuis la nuit des temps, la science peut certes se satisfaire de ses progrès. Nous devons croire en la science, mais tout l’univers et toutes les dimensions de l’être humain lui sont-elles déjà dévoilées ? La foi et la croyance n’ont-elles rien ajouté dans des perspectives différentes ? Ce serait un progrès que l’âme ait disparu ? Or, que signifie le progrès si les hommes ne vivent pas mieux ? S’ils ne sont ni plus heureux ni même plus libres ? Si ce progrès ne concerne pas la conscience collective, la croissance éthique et morale de l’Humanité, si ce progrès ne concerne pas le bonheur, le bien-être de l’humanité toute entière, est-il si favorable à notre humanité ? Comme le souligne Benoît XVI dans sa seconde encyclique qui s’intitule Spe Salvi et qui constitue un hymne à l’espérance, « Si au progrès technique, ne correspond pas un progrès dans la formation éthique de l’homme, dans la croissance de l’homme intérieur, alors ce n’est pas un progrès, mais une menace pour l’homme et pour le monde » .

Nous avons besoin d’espérance. Nous avons besoin d’espérer et de croire en nous-mêmes. Il ne sert à rien d’avoir peur sinon, selon l’adage zen, de la peur elle-même. Toute peur est à affronter et à regarder dans les yeux. Toute peur est à dépasser. La croissance éthique de l’homme… Le temps désormais est venu de parler d’être humain ; la femme a droit à la reconnaissance de son existence ici-bas et de son importance au même titre que les hommes. Hommes et femmes se partagent le monde et chacun doit y avoir droit, mais sans complicité entre eux, sans complicité entre-nous, le monde peut-il évoluer de la meilleure façon qui soit ? C’est une aberration que la Femme, qui par excellence porte la Vie, ne soit pas élevée au rang de quasi-divinité de par sa connivence même avec la Nature, et qu’elle ait dû souffrir de sa prétendue infériorité depuis tant de siècles ; qu’elle puisse en souffrir encore. Hommes et femmes sont ensemble pour se compléter, pour se comprendre les uns, les autres, et pour se développer ensemble. Pourquoi est-ce si différent dans le réel ? En qualité d’Êtres Humains nous sommes comme au-delà de toute détermination Homme, Femme, Enfant. Fondamentalement, l’essence même de notre identité est avant toute chose Humaine.

La croissance éthique de l’Être Humain ? La conscience collective, la croissance morale de l’Humanité? Si nous pouvions considérer que le monde est chacun de nous, et que l’humanité contenue en chacun, contenue en nous-mêmes, est un Universel pour lequel nous devons nous battre ne serait-ce qu’à notre échelle en tant qu’individu, particule du monde et de la société dans notre vie de tous les jours, à chaque instant, nous saurions, nous comprendrions, que nous sommes tous liés les uns aux autres, que chacun à son importance, que notre rôle à tous est d’importance, et que la façon dont je traite autrui ne me renvoie rien qu’à moi-même, que la manière dont je me traite et traite ma propre dignité ou celle des autres, m’exclut ou m’inclut de l’humanité, et que la considération que j’ai pour moi, il me faut l’avoir pour les autres, comme préambule à l’Humanité et à ma propre humanité.

Sans ce retour sur soi, sans cet examen de conscience et sans cet effort d’être digne de mon humanité, sans la permanence obligatoire, d’une saine moralité en moi, ou au moins d’une éthique de l’ordre du devoir librement consenti, me permettant de vivre en harmonie avec moi-même autant qu’avec les autres, puis-je même espérer vivre dans un monde qui soit « humain » ? Puis-je me regarder comme humain ou humaine ? L’Humanité est un effort de tous pour tous. " (...)

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